King Kong au Pérou

A Lambayeque, des rapaces sont toujours à apercevoir dans le ciel bleu très clair.

A Lambayeque, les mots King Kong sont partout, c’est le nom d’une sucrerie que je n’ai pas goûtée. Cactus et eucalyptus, déchets et gravats le long des routes de terre et de trous sur lesquelles klaxonnent les tricycles à moteur, qui n’existaient pas en Equateur.

A Pimentel, j’ai retrouvé les vagues du Pacifique. Je croyais que j’y entrais pour la première fois de ma vie quand, déjà dans les courants tirant vers la vieille jetée de bois, je me suis rappelé que Port Douglas, en Australie, est loin, si loin à l’autre bout de ce même océan…

A Chiclayo, alors que nous rentrions à l’hôtel, avec Pauline la petite Toulousaine qui m’accompagne un bout, nous sommes passés devant une grande salle ouverte sur la rue, d’où on voyait, assis en cercle, une douzaine d’hommes jouant de la guitare. J’ai cru à une leçon de musique, mais c’était une tuna, une de ces troupes d’étudiants qui revêtent culottes bouffantes et chantent des sérénades aux jolies, et qu’on rencontre, au crépuscule, sur la Plaza Mayor de Salamanque. Ils nous ont invités à entrer, ont joué plusieurs minutes, et il y eut comme un air de pur bonheur sur les visages.

A Trujillo, le soir, en arrivant à l’auberge, j’ai demandé à un d’Artagnan chilien replié dans un hamac où manger dans le coin, et cela s’est terminé par un rap à quatre voix, harmonica et ocarina, au petit matin sur une place déserte, hormis quelques cafards et un phoque en peluche décrépi. Le soleil revenu, nous avons marché avec Camilo, Ricardo et Camila jusqu’à Chan Chan, grande ville de la civilisation Chimú successivement saccagée par les Incas et par les Espagnols. Avant de prendre un combi, minibus de quatorze places où tiennent facilement vingt personnes, suba suba baje baje baje, jusqu’au Pacifique.

Mais avant tout cela, le premier jour, nous roulions depuis une dizaine d’heures quand je me suis réveillé au moment même où, quelque part avant Piura, le soleil se levait sur un paysage de canyons, de roche et de sable. Il y avait une mine dans l’aurore, ses torchères se détachant sur le ciel mauve. Rendormi, puis réveillé sur des rizières à perte de vue, dont le vert est une douceur qui rappelle l’herbe de chez soi. Arrêt à Piura, deux dames vendaient des salades de fruits, mais je n’avais pas de soles. Des passagers se sont lavé les dents et les cheveux au robinet unique. La suite du trajet, à la droite du bus, n’a été que du sable, parsemé de buissons rasants. J’étais au Pérou.

One Response to King Kong au Pérou

  1. Kayam

    Ma Tante et mon Oncle habitait là-bas quand j’étais petite (oui je sais je le suis toujours…)
    mais à l’époque pas d’avion trop bon marché pour y partir, dommage.
    les couleurs doivent être sublimes.
    bon voyage, enfin bonne suite.
    Kayam

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